dimanche 9 mai 2010

Article du bien Public 7/05 sur la conférence "jeux et conflits dans la cour de récré"

ÉCOLE. Une récente conférence-débat au sein de l'établissement Jean-Jaurès 1 de Dijon a permis d'aborder les problématiques des cours de récréation

La cour de récré : entre jeux, conflits et inquiétudes

Une récente conférence-débat à Dijon a permis d'aborder la thématique de la cour de récréation. Jean-François, l'orateur principal, ancien instituteur et intervenant en IUFM sur la psychologie des ados, a répondu à nos questions.
Jean François. A 68 ans, le principal intervenant de la conférence travaille depuis de nombreuses années avec des enfants.
Mesure. Selon J.-François, ce qui soutient l'Éducation nationale, ce sont « les antinomies », « les ambiguïtés » et « les paradoxes ».
50. C'est le nombre de personnes qui étaient présentes à cette conférence-débat mardi soir à l'école Jean-Jaurès 1 de Dijon.
Q uel rôle a la cour de récréation ?
« La cour de récréation est un lieu d'apprentissage social où le jeu tient une place prépondérante. Pour certains, la cour est une jungle ; pour d'autres, c'est un paradis. La récréation est un moment indispensable qui permet aux enfants de se ressourcer, et ils en ont besoin. Les activités des enfants sont des jeux qui visent à se repérer par rapport aux autres, à éclater de rire, à avoir un peu peur parfois, etc. Le plus souvent, les jeux sont constructifs et fédérateurs. Alors que l'on peut avoir l'impression que la cour forme une foule désordonnée, c'est en fait tout le contraire : elle répond à des codes et à des règles. »
A quels jeux jouent principalement les enfants dans la cour ?
« Il y a les jeux symboliques, comme le jeu de la maîtresse ou celui de la marchande, qui laissent libre cours à l'imaginaire. Il existe aussi les jeux de défis, pour soi, ou avec les autres. Il y a les jeux d'adresse et d'équilibre (la marelle, les billes, la corde à sauter, l'élastique, les osselets, les jeux de cartes…). Il y a aussi tous les jeux qui sont inventés par les enfants. »
A partir de quel moment passe-t-on des jeux aux conflits ?
« Des conflits, il peut en exister à tous propos. Ils peuvent naître à partir de désaccords, de moqueries, voire d'injures ou d'autres agressivités. Ces conflits peuvent simplement se traduire par des oppositions, des pleurs, des grincements de dents. Et on arrive parfois à des bagarres. Neuf fois sur dix, les conflits se résolvent entre enfants. »
Remarque-t-on des évolutions de la violence en fonction de l'âge ?
« Dès deux ou trois ans, il y a les mordeurs et ceux qui crachent sur les autres. Plus les enfants grandissent, plus ils apprennent à se contrôler. Après, certaines bagarres sont plus spectaculaires au collège ou au lycée. »
Selon vous, la cour de récréation représente-t-elle des risques ?
« Non, il n'y a pas beaucoup de risques par rapport à la quantité de jeux qu'il existe dans les cours de récréation en France. Même les jeux dangereux (jeu de la canette, jeu du foulard, le harcèlement de quelques-uns contre un, etc.) sont assez rares. »
Que dites-vous aux parents qui pourraient s'inquiéter des activités de leur enfant à la récré ?
« Il faut être attentif et vigilant aux jeux des enfants. Il ne faut ni grossir ou s'affoler, ni ignorer ce qu'il peut se passer. Il est nécessaire de trouver le bon curseur entre le laisser-aller et l'autorité. »
Vers qui peuvent se tourner les parents ?
« Vers l'enseignant, les personnels d'éducation ou encore le directeur d'école. Dans tous les cas, une concertation est nécessaire. L'éducation est une aventure. Il faut faire en sorte qu'elle soit collective. »

La Fédération des conseils de parents d'élèves du département (FCPE 21) et les Centres d'entraînement aux méthodes d'éducation active Bourgogne (Ceméa) se sont associés pour proposer cette conférence-débat ouverte à tous les parents, enseignants et personnels périscolaires.
Jean-François, le principal intervenant, a lui-même été instituteur, puis professeur de lettres honoraires en banlieue parisienne, intervenant en IUFM sur la psychologie des adolescents. Il fait partie du groupe de pilotage du département politiques et pratiques éducatives des Ceméa. Il a publié A moi ! Pour une écoute des adolescents (1984), T'aimes mieux ta mère ou ton prof ? (1990), Profs, parents, démission impossible (2001) et Eux et nous : questions d'ados, paroles d'adultes (2007).
« Communiquer »
« Tout est dans la communication. Quand il y a des soucis à l'école, il faut créer davantage de dialogue pour éviter les quiproquos et les incompréhensions. La communication doit se faire entre les enseignants et les enfants, mais aussi entre les parents et les enfants. »
MICHEL
46 ans parent d'élève à Dijon
« Le problème inconscient des enfants dans la cour de récréation est d'exister, de trouver sa place au milieu des autres, parfois contre les autres. »
Après les propos de l'instituteur Jean-François, le public de la salle de l'école Jean-Jaurès 1, soit une cinquantaine de personnes (enseignants, parents d'élèves, étudiantes en Instituts Universitaires de Formation des Maîtres), n'a pas manqué mardi soir de réagir sur ces questions de problématiques de comportements des enfants dans la cour de récréation.
Une infirmière qui exerce dans un collège de Côte-d'Or a notamment exprimé son inquiétude face à « des jeux de cour de récréation qui peuvent blesser et qui vont parfois jusqu'à nécessiter l'intervention des urgences ! ».
« Que faire quand ça dérape ? »
Dans le même état d'esprit inquiet, une enseignante en école primaire dans le département se demandait par exemple s'il faut « supprimer de récréation » un enfant qui a fait une grosse bêtise. « Qu'est-ce qu'on fait lorsque ça dérape ? », interrogeait une autre.
« Si la récréation est essentielle pour les enfants, dans certains cas, il peut être bon de séparer ou d'écarter un ou deux élèves, a répondu Jean-François. Tout dépend du poids du dérapage en question. »
D'autres questions ont été posées. En guise de réponses, Jean-François est toujours resté mesuré, estimant qu'il ne faut jamais trop être catégorique, que ce soit du côté « du laisser-aller » ou « de l'autorité ». « Il faut néanmoins faire attention aux changements, aux ruptures, aux comportements qui ne sont plus les mêmes (un enfant qui mange ou parle moins, etc.). Il est aussi bon que les parents parlent avec les enseignants et autres personnels encadrants pour éviter que les uns et les autres se renvoient les responsabilités, car l'on sait qu'il y a des relations plus ou moins concurrentielles entre les parents et les personnels éducatifs. »
v.lindeneher

« Instaurer un dialogue »
« Je pense qu'il est nécessaire et possible d'instaurer dès le début de l'année un dialogue entre les instituteurs et les parents d'élèves, même si ce n'est pas forcément très simple. Il ne faut pas attendre qu'il y ait un problème au sein de l'école pour le faire. »
PASCALINE 27 ans enseignante à Dijon
« Faire remonter l'info »
« J'aimerais que les enseignants fassent davantage remonter les informations aux parents d'élèves car on ne sait pas toujours ce qu'il se passe à l'école. Je pense aussi qu'il faudrait que les maîtres d'écoles soient davantage formés à la gestion des conflits, car ce n'est pas forcément évident. »
Nathalie 38 ans parent d'élève à Dijon

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